Eglise de la Freyssinie (Commune de Bellaffaire)
La Freyssinie est un des hameaux de la commune de Bellaffaire avec ceux des Martins, des Pascals, des Auphands, des Dauras et des Aguilhons qui sont situés à quelques 5 km du chef-lieu. Le début du XVIIe siècle fut la période la plus florissante pour la population qui atteignait les 400 habitants sur la commune, avec une trentaine de familles autour de la Feyssinie. L’abbé Féraud, en 1844, y dénombre 143 âmes. Aussi l’autorité ecclésiastique décide en 1708 d’ériger une église succursale sous le titre de saint Joseph dans le hameau de la Freyssinie pour desservir la population des quartiers environnants. Elle le fait sur une ancienne chapelle comme le rapporte l’abbé Albert dans son Histoire du diocèse d’Embrun parue en 1783 : on a établi depuis l’an 1708 une église succursale au hameau de la Freyssinié, pour la commodité des habitants de ce hameau et de ceux des Aguillons, des Pascals et des Marins. On a profité pour cela d’une ancienne chapelle. L’église actuelle, reconstruite entièrement à la fin du XIXe siècle à le chevet parfaitement orienté vers l’Est, ce qui est inhabituel pour cette période. On a orienté les églises vers le soleil levant seulement à partir du XIe siècle et on a cessé de le faire à la fin du Moyen Age, fin XVe siècle. D’autre part, entre la Freyssinie et les Jacobs sont signalés par le cadastre napoléonien de 1837 deux quartiers portant les noms évocateurs de Pré la Cour et Champ de la Clastre. La Cour est un vocable employé à l’époque carolingienne pour désigner un domaine agricole et pastoral avec ferme, dépendances et terres de culture. La Clastre évoque un établissement monastique ou au minimum la présence au moins d’un moine issu d’une abbaye. Cette dernière pourrait être celle de Saint-Victor implantée depuis la période carolingienne dans le tout le bassin de Turriers. Après l’épisode des guerres intestines du Xe siècle, l’abbaye récupère son ancien domaine au début du XIe siècle et dessert spirituellement les 4 paroisses de Faucon, Gigors, Turriers et Bellaffaire. Tous ces indices indiquent que l’église de la Freyssinie remonte bien au-delà de 1708, mais aucun texte d’archives ne vient le confirmer. L’église a été entièrement restaurée entre 1870 et 1873. Elle offre tous les caractères d’un bâtiment de la fin du XIXe siècle, tant par son aspect architectural que par son mobilier. A cet égard elle ressemble aux églises de cette période, comme celles de Turriers, La Motte, Thèze et quelques autres. Mais celle avec qui elle se rapproche le plus est l’église de Bellaffaire, du moins pour ce qui est des voûtes du chœur et de la nef. Il ne serait pas étonnant qu’on ait affaire au même architecte (Architecte : Pardigon, Entrepreneur : Andreetti de Turriers). Elle présente une nef divisée en trois travées voûtées d’arêtes à pénétration triangulaire reposant sur des chapiteaux et des pilastres engagés. Le chœur est séparé de la nef par un arc doubleau double, plein cintre, de section carrée. Le chœur est à chevet plat. Tout le mobilier est de la même époque, fin XIXe siècle. A part le chemin de croix, il a été entièrement conservé, depuis l’autel en marbre blanc jusqu’aux meubles en bois noyer, chaire, siège du célébrant, baptistère et confessionnal. De même, la grille en fer forgé servant de table de communion scellée dans la seule marche conduisant au chœur. Ce sont les habitants qui l’ont entièrement meublée. On en possède la liste dressée lors de l’inventaire de 1906 : - Autel en marbre, dans le chœur, don de Alphand Pascal. - Statue de la Vierge, dans le chœur, don de Chauvet Marcellin. - Statue de saint Joseph, dans le chœur, don de Turcan Marcellin. - Statue du Sacré-Cœur, dans la nef, don de l’abbé Roux. - Statue de saint Antoine de Padoue, dans la nef, don de Daumas Firmin. - Statue de l’Enfant Jésus, dans la nef, don de Daumas et Turcan. - Tableau de la mort de saint Joseph, dans le chœur, derrière l’autel, don de la Fabrique (Il est signé Patritti et daté de 1865). - Fonts baptismaux, don de la Fabrique. - Confessionnal, acquis par souscription. - Chaire en noyer, don de Alphand et autres donateurs. - Chemin de croix, dans la nef, don de Chauvet Mélanie. - Grosse cloche, don de Alphand François. - Petite cloche, don de Paret. Quant au bénitier disposé près du confessionnal il est un don de deux paroissiens en 1873, Joseph Bonafoux et Joseph Payan, comme indiqué sur le dessous de la vasque. En 1960, la commune refait toutes les peintures intérieures. Il faut noter la présence d’un beau clocher-tour et du cimetière joignant. Cette église est un témoin exemplaire de la façon de bâtir et de meubler les églises à la fin du XIXe siècle. Daniel THIERY. Juin 2009 |