I . Les Templiers dans les Alpes de Haute Provence
Dans cette province de Haute Provence comme partout ailleurs en
France, les Templiers recueillirent de nombreuses donations des seigneurs du
cru. C'est pourquoi, on les trouve implantés un peu partout. Notre province ne
fait pas exception. Ces lieux pouvaient servir de base arrière pour le repos ou
pour les soins apportés aux blessures reçues en Terre Sainte. Ils n'ont pas
laissé énormément de traces architecturales comme dans d'autres provinces
françaises mais pratiquement chaque village avait sa maison templière ou était
rattaché à un organisme templier.
Dès le 12 ème siècle, les Templiers se virent, comme en Palestine,
confier la sécurité des axes routiers qui étaient infestés de brigands et
autres détrousseurs de grands chemins. Les commanderies en Provence avaient à
leur tête Richerenches
(Vaucluse-enclave des Papes)
qui avait rang de « préceptorie » (à partir de 1138). Elle
fournissait, en particulier, les chevaux des moines soldats.
Le plus grand bâtiment des Alpes de Haute Provence qui peut se rattacher à eux est le château de Gréoux les Bains dont la construction a commencée au XII ème siècle. Ce château est un point de rencontre des diverses interprétations de l'histoire. En effet, certains historiens pensent que les Templiers furent là, d'autres écrivent qu'ils ne furent pour rien dans les anciens temps de cette ville de thermalisme. La légende dit qu'ils l'édifièrent pour héberger les blessés qui, ainsi, pouvaient bénéficier des vertus des eaux du village. Leur présence est établie par l'abbé Féraud mais est considérée comme une fable par Raymond Collier (archiviste et historien des Alpes de Haute Provence) qui dit, quand même, que le donjon pourrait remonter à eux mais il parle de leur époque et ajoute le mot « hypothétiquement » et par J.A. Durbec. Par contre Falque de Bézaure, dans son livre « Sur les Traces des Templiers de Gréoux les Bains » 1966, parle d'une occupation qui dura 164 ans. Dans les archives concernant ce château et cette ville qui nous ont été conservées (consultables à la Bibliothèque Nationale ) , il n'est nulle part fait mention des Templiers ainsi que dans les chroniques de l'époque, on retrouve le château cité à plusieurs reprises mais sans aucune référence aux pauvres chevaliers. On ne parle que des Hospitaliers, il est vrai qu'ils furent leurs héritiers. La légende du Temple ne remonterait qu'au XVIII ème siècle (1753) lorsqu'un certain docteur Esparron écrivit un « Traité sur les Eaux de Gréoux » en faisant référence à eux comme seigneurs de cette ville. Puis des historiens locaux reprirent à leur compte cette origine, ils se copièrent les uns les autres sans faire aucune vérification. C'est ainsi que Falque de Bézaure parle dans son livre (référence plus haut) d'un historien local : Emile Poitevin qui assure qu'en 1144, le château fut cédé par Raimond Bérenger III. Un autre historien, l'abbé Corriol, dans son livre « Les Actes du Clergé Régulier et Séculier de la Haute Provence » fait mention de l'abbé Sollier (de Céreste) qui trouva à Avignon, au 18 ème siècle, des relations d'interrogatoires de Templiers de Haute Provence dont deux à Gréols. Toujours d'après cet abbé Corriol, les minutes du procès se trouvent aux archives de la préfecture de cette ville. L'un d'eux succombera aux sévices qui lui furent infligés. L'autre fut brûlé comme relaps ; le bailli du comte de Provence, à Moustiers, fut chargé de les arrêter. Et pour terminer sur Gréoux, il faut dire qu'ils auraient eu (toujours au conditionnel) un droit de péage jusqu'en 1308, date de leur déchéance et que ce dernier serait tombé aux mains du seigneur de Puimoisson. Les Templiers n'ont pas laisser un souvenir important en Haute Provence, ils ont fait la police sur les routes de la région, ils ont pratiqué l'agriculture (Richerenches), ils ont soignés leurs grands blessés de Terre Sainte, aucun texte n'est là pour nous inviter à penser qu'ils furent les trésoriers des Comtes de Provence comme ils le furent des rois à Paris. Ils ne restent d'eux, comme on va le voir, que quelques légendes et quelques vielles pierres Malgré ce que l'on pense, ils auraient eu une implantation à Forcalquier, la preuve en est apportée par « l'inventaire des pièces du Fons Dupuy » qui rapporte que le comte de Forcalquier aurait fait une donation à la maison du Temple, en décembre 1209. Pour continuer avec ce comté, on remarquera qu'il eut de tout temps des relations étroites avec l'ordre puisqu'à son origine appartenant à la maison d'Urgel, il fut crée indépendant sous l'arbitrage de Pons de Rigaud, maître de la milice du Temple pour la Provence ; leur installation remonterait à l'époque d'Ermangaud d'Urgel, c'est le « Fons Dupuy », conservé à la bibliothèque nationale qui apporte la preuve de l'existence d'une commanderie, comme je l'ai déjà dit, elle devait être contiguë à la citadelle. Pour continuer avec ce comté, on verra un de ses comtes, Guillaume IV, leur donner tous ses biens à son décès et son neveu, Guillaume de Sabran, voulut se faire enterrer dans le cimetière qu'ils avaient dans cette ville. Mais Cyprien Bernard dans son livre « Essai historique sur la ville de Forcalquier » parle des Hospitaliers. Ils auraient été aussi présents à Lardiers, selon l'abbé Féraud à La Javie , à Limans où ils furent arrêtés par les gens d'arme de Forcalquier sur ordres de Charles II, comte de Provence, à Lurs où le château des évêques de Sisteron aurait été construit et occupé au XII ème siècle par des Templiers. D'autres traces livresques ou archéologiques on été relevés, en particulier pour les villages de Chateauneuf près de Moustiers où si l'on en croit l'abbé Féraud, on rencontre une grotte qui, selon la légende, aurait vu la présence d'un templier, évadé de sa prison, ce lieu a donné naissance à une chapelle : Notre Dame de la Baume ; toujours selon cet abbé, Brunet aurait possédé un établissement templier à 1 km . des habitations ; d'après lui à Esparron sur Verdon, la maison templière se trouvait à l'endroit nommé « La Tour », ils seraient venus là suite à une donation faite par l'abbaye de Lerins ; des historiens locaux leur attribuent la construction de la citadelle de Mane ; l'abbé Corriol pense que Porchères était une commanderie et que la tour serait due à un de leur architecte ; Bouche, l'abbé Féraud, l'abbé Corriol voient à Reillanne un hospice pour recueillir les chevaliers blessés de retour de la Terre Sainte ; on peut voir quelques ruines à Draix (proche de Digne) qui serait des restes d'une commanderie ; ils auraient eu un couvent à Castellet les Sausses (ente Entrevaux et Annot, dominant la vallée du Var) mais d'après J.A. Durbec dans son livre « Templiers et Hospitaliers en Provence et dans les Alpes Maritimes » 2001, ce ne serait que des racontars, ils n'y auraient jamais rien possédé pourtant au Moyen Age la ville portait le nom de « Castellum Monasterium », nom qui évoque la présence d'un monastère. D'autres « ont dits » les placent un peu partout, à Sisteron, on leur attribue la construction de la chapelle de la citadelle (1202). Ils y auraient placé une garnison, charge au comte de Forcalquier de les entretenir ; à La Brillanne , en 1140, la comtesse de Forcalquier, Adélaïde, leur donna le château qui passa ensuite en la possession des évêques de Sisteron ; à Entrepierres , village proche de Sisteron, on trouvait encore en 1865 les ruines d'un monastère qui leur aurait appartenu ; au Fugeret , près d'Annot, on leur doit probablement l'église, ils devaient avoir un établissement près de la fontaine. D'autres présences sont évoquées par Falque de Bézaure. A Annot , ils avaient une demeure avec une chapelle dite de Vérimande ; à Barras , ils avaient une maison dépendante du temple de Digne ; en particulier, il parle du village de Beaujeu , près de Digne, en citant un historien local : Berluc Perussis qui a écrit « c'est dans l'ancienne crypte de la chapelle que se trouveraient les archives dites générales concernant les comptes-rendus de tous les grands chapitres. » et l'abbé Féraud « on trouve au sommet de la colline qui domine Beaujeu les ruines d'une ancienne tour que la tradition attribue aux Templiers. » ; à Castellane où ils s'installèrent au XIII ième siècle, ils avaient une maison au quartier Cheiron et leur établissement principal se trouvait près de l'ancienne église Saint Pierre ; à Chateauneuf lès Mane , près de Forcalquier, ils arrivèrent en 1306 au lieu-dit le Petit Sauvan suite à une donation faite à la maison de Limans, et puisqu'on parle de Limans, restons y, ils reçurent (les Templiers de ce village) un terrain à Cruis de l'abbé de Lure où ils bâtirent un édifice qui passa aux Hospitaliers de Manosque en 1314 ; à Clumanc , la tradition raconte qu'ils auraient fondé le village et qu'ils y auraient dédié l'église à Notre Dame ; à Entrevaux la Commanderie du Temple se serait trouvée au lieu-dit « Le Désert » ; et la préfecture du département, Digne , avait aussi sa commanderie qui aurait été fondé par ceux de Sisteron. On voit, donc, que les Templiers eurent, en Haute Provence, une vie faite de discrétion, certes non dénuer de dévouement mais peu marquée. Ils ont laissé peu de traces dans notre région, contrairement à d'autres éléments venus du Moyen Age, tout ce qui se rapporte à eux, a comme mode de conjugaison, le conditionnel… http://www.bassesalpes.fr/templiers.html Plan-de-Vitrolles Près de du hameau du Plan-de-Vitrolles, sur un tertre, apparaissent les restes d'un château bâti en petites pierres bien appareillées, et sur les flancs d'une montagne voisine les débris d'un vieux castel. Au nord-ouest de l'église du haut Vitrolles, une élévation est couronnée par les belles ruines du couvent de Donzard, qui appartenait aux Templiers. Oze On voit à Oze les débris de deux vieilles tours sur des éminences où elles servaient à des signaux. Une Maison de Templiers, appelé le Saint-Sépulcre, comme celui qui existait auprès de Chorges, y est tombé en ruines, muettes pour bien des hommes ; l'observateur voit sur ces pierres amoncelées l'empreinte des révolutions, l'étendard des Templiers, l'oppression des vassaux, peut-être le souvenir des crimes, l'ombre de Philippe le Bel tenant d'une main hardie l'arrêt de la proscription des célèbres et malheureux chevaliers du Temple ; on voit la torche qui allume leurs bûchers. J'ai écrit ces mots à Véras sous l'inspiration d'un ami bien bon, bien spirituel, que je ne devais plus revoir. Ribiers Les dîmes, dans une grande partie du territoire de Ribiers, et les biens de la Maison des Templiers, sous le vocable de Saint-Etienne, appartenaient au chapitre de Sisteron, lequel était tenu de donner, le 3 août, fête de ce bienheureux, aux habitants de trois hameaux voisins, un repas précédé et suivi par des jeux. Ribiers se disait jadis Ripae ou Rivi ; il formait dans le Moyen-Age un comté composé de Salérans, Pomet, Eourres et des deux Barrels. Les Templiers y avaient trois maisons. Il ne reste que celle de Saint-Jean-de-Clares-Combes que des décombres qui occupent un assez vaste emplacement, et où les habitants de Ribiers vont en procession, le premier dimanche après la Pentecôte. Ce qui existe encore de la Maison de Saint-Etienne est d'une telle solidité, qu'on ne pourrait en détacher des pierres avec le marteau, et que le mortier ne semble former avec elles qu'un tout homogène. Peyrinpin-de-Ribiers En 1855 ont été trouvées près du Peyrinpin de Ribiers, diverses pièces antiques. Dans ce canton trois Maisons de Templiers n'étaient éloignés les unes des autres que de 2 kilomètres; la tradition veut qu'ils aient communiqué par un souterrain ; en creusant dans l'enceinte de l'un d'eux on découvrit un chapiteau de colonne, représentant une chouette. Saint-André-de-Rosans Dans les guerres de religion, Montbrun, après avoir pris le château du Saix, éprouva une vive résistance avant de s'emparer de Saint-André-de-Rosans. Le connétable de Lesdiguières a fait détruire l'ancienne église et l'ancienne Maison du Temple de Saint-André-de-Rosans qui, depuis l'abolition de l'Ordre des Templiers, appartenaient aux bénédictins ; ceux-ci se réunirent aux religieux de Ganagobie, auprès de Sisteron. Mont-Maur Presque au centre et sur le revers de la montagne se voient deux vieilles tours qui défendaient l'accès du château et rappellent les Sarrasins. En face est une vaste plaine qui promet de belles récoltes lorsque cinq torrents ne la dévastent point. Au milieu de cette plaine s'élève une petite éminence sur laquelle on aperçoit les débris d'une Maison des Templiers, entre autres du choeur, du porche, de quelques murs et une voûte d'arête bien conservée, dans laquelle sont six trous par lesquels passaient les cordes qui servaient à la sonnerie du clocher. De ce point de vue l'on distingue dans le lointain, à gauche de la ville de Veynes, et sur une hauteur moyenne, une tour de signaux qui correspondait avec plusieurs autres. Veynes Il n'existe à Veynes ni dans ses environs aucune trace d'antiquités importantes. Une tradition porte que l'église paroissiale faisait partie d'un établissement appartenant à l'Ordre des Templiers. Les vestiges de murs qui sillonnent le sol tout autour de l'église, le champ assez vaste qui l'avoisine et qui porte encore le nom de champ de Clastre (campus Claustri), une vigne assez belle qui touche Veynes et qu'on appelle la Vigne du Temple, sembleraient confirmer cette opinion. La seule inspection de l'église fait reconnaître que les deux nefs latérales ont été ajoutées longtemps après sa fondation, lorsque l'église a cessé d'être une propriété particulière, ou bien lorsqu'après la révocation de l'édit de Nantes la population catholique devint plus considérable par l'abjuration de la partie nombreuse des habitants qui professaient la religion réformée. Argentière Au temps des croisades il y avait une maladrerie à l'Argentière. On remarque dans cette commune une chapelle qu'on attribue aux Templiers ; belle architecture, presque ogivale et bien conservée. Menteyer A droite de la route de Gap à Menteyer, et à une lieue de ce village, était un couvent de femmes, qu'on nommait Berthaud. En 1270, pour réparation de dommages, dettes contractées envers le monastère et pour le salut de son âme, Osacica, seigneur de la Roche, donna aux religieuses une partie du domaine actuel de Quint. Dans cet acte, il est question de divers objets, entre autres du champ des Templiers et de la grosse pierre de Champ-Serant (64). Gap Lorsque les Templiers avaient été chassés de la terre sainte, la piété publique était venue à leur secours ; ils possédaient beaucoup de Maisons et de terres dans les Hautes Alpes. Un de leurs commandeurs, Rambaud d'Orange, de la maison des Baux, en avait établi à une à Gap. A Gap, deux inquisiteurs ont eu dans le temps un grand renom : l'un, Guillaume de Saint-Marcel, reçut dans le quatorzième siècle plusieurs missions du pape, tant pour apaiser les guerres civiles et les discordes qui régnaient dans Rome, que pour informer contre les Templiers ; il fut nommé évêque de Grasse. L'autre, François Borelly, appartenant aussi à l'ordre des frères mineurs, dirigea avec un zèle trop ardent les poursuites contre les Vaudois. On a vu que Gap lui dut sa grande charte de 1578. Dans un quartier appelé la Commanderie, où il y avait primitivement des constructions romaines, de 2 mètres d'épaisseur, formant enceinte. la tradition rapporte qu'au moyen âge il existait une Maison de Templiers, possédé jusqu'en 1790 par l'ordre de Malte, et appartenant au chapitre de Gap, qui en était encore décimateur en 1793. Le propriétaire voulant y planter des arbres en 1810, on rencontra des dalles surmontant une voûte qui abritait une vingtaine de tombeaux. Les corps y étaient placés sur des estrades et disposés en cercle. Quelques-uns se montraient revêtus de tuniques noires ou à fond noir, que l'action de l'air eut bientôt réduites en poussière, ainsi que la plupart des ossements. En 1837, comme on s'occupait à défoncer un terrain inculte près du même lieu, on mit au jour quatre-vingt-trois pierres de 1m,40 de long sur Om,70 d'épaisseur. Plus loin, on trouva une autre pierre offrant une longueur de 6 mètres, fendue vers le milieu, et qui semble avoir fait partie d'un monument ; elle est de schiste noir, en forme de bande, et percée de dix-huit trous. Remollon Il est difficile d'indiquer exactement l'époque où Remollon commença à prendre quelque importance. Deux choses du moins sont positives : * la première, c'est qu'avant leur suppression, en 1312, les Templiers y avaient une maison dont les tours crénelées subsistent encore, une chapelle de style gothique qui communiquait à la maison par un souterrain et adossée à un clocher admiré des voyageurs par son élégance et ses formes dégagées; * la seconde, c'est que l'emplacement actuel de Remollon ne fut d'abord occupé que par des celliers de Théus, village à 5 kilomètres vers la montagne nord-est. Jusqu'en 1842 Remollon n'avait d'autre église que la chapelle des Templiers, et qui n'était plus en rapport avec la population, soit pour les dimensions, soit pour remplacement. M. Martel, alors curé, fit un appel au zèle des habitants par une souscription qui donna 8,000 francs, et avec ces faibles ressources, dans l'espace de huit mois, il dota le pays d'une belle église en forme de croix grecque, au haut du bourg, à gauche du chemin qui conduit à Saint-Etienne d'Avançon. Chorges L'église du Saint-Sépulcre, près Chorges, construite en rotonde, sur le modèle de celle de Jérusalem, au retour de la première croisade, formait, avec les bâtiments voisins et terres adjacentes, une riche commanderie de Templiers, sous la dépendance directe du grand maître. Il n'en reste que des décombres, appelées temple du Saint-Sépulcre. Le 17 août 1301, le conseil delphinal a accordé, pour un demi-florin d'or, une sauvegarde au commandeur de cette maison. Embrun Les consuls et habitants d'Embrun et de Gap étaient en continuelles difficultés avec leurs prélats, qui étaient obligés de recourir au pape ou à des princes lorsque leurs excommunications restaient sans force. L'archevêque et le dauphin se partageaient la juridiction d'Embrun et de Chorges ; le juge delphinal et celui du prélat y rendaient alternativement la justice sous le nom de juges communaux, et cet usage a continué jusqu'à la révolution de 1789. Les habitants d'Embrun ne toléraient la domination simultanée de deux maîtres que dans l'espérance de profiter de leurs divisions pour agrandir les libertés et les franchises de la cité. Ils saisirent le moment de la minorité du dauphin pour se soulever; mais la régente Béatrix montra tant d'énergie, que les consuls furent obligés d'implorer sa clémence. Elle ne voulut pas leur accorder de traité définitif : ce fut une simple suspension d'armes conclue le 2 décembre 1257. Embrun paya à cette princesse 5,000 sous viennois pour l'indemniser des frais de la guerre, restitua 10,000 sous que Gui André lui avait prêtés, reconnut au dauphin la juridiction exclusive des tailles et des crimes, et répara les torts faits aux chevaliers et aux vassaux du jeune prince, nommé Guigonnet dans cet acte. Le mot exclusive devait blesser l'archevêque; il adressa de vives protestations aux évêques de Gap et de Maurienne, en prétendant que tous les avantages devaient être partagés également entre lui et le dauphin. Les Embrunais ne laissèrent pas échapper l'occasion d'attaquer l'autorité du prélat, d'inciter sa personne et de ravager sa terre de Châteauroux. Robert, évêque de Gap, accourut, et, par sa sagesse, il parvint à rétablir l'ordre. Un chevalier, trois gentilshommes et vingt-cinq roturiers se soumirent, au nom de la ville, aux satisfactions qu'on exigeait d'elle, et douze d'entre eux se constituèrent en otages. L'archevêque s'obligea à ce que ses officiers rendissent une justice plus exacte, et la communauté lui paya 20,000 sous d'amende. Ce traité fut publié le 5 décembre 1238; l'on y réserva les droits du dauphin, qui prenait alors les titres de dauphin du Viennois, comte d'Albon, de Gap et d'Embrun. On voulut, dans cette dernière ville, obliger, en 1251, les ecclésiastiques à des corvées; ceux de Chorges refusèrent les dimes. L'archevêque, comme suzerain, appela le dauphin à son secours et s'enferma dans son château de Chorges; Gui VII envoya des troupes; l'évêque de Nice obtint le pardon des habitants, qui firent le sacrifice de leurs privilèges. Thiard et Ferrières, chefs de la sédition, furent bannis et leurs maisons rasées ; on condamna leurs complices à assister à chaque messe de l'Assomption, et à y offrir chacun un denier d'amende. Le prélat se fit donner cinquante otages, les clefs de la ville d'Embrun, celles de la maison consulaire, le sceau public et les registres; il rendit pour le gouvernement civil des règlements publiés au nom de l'archevêque et du dauphin. Il se maintint aussi dans le droit d'inspecter les maisons des Templiers, qui avaient fortement étendu leurs domaines dans l'ancien royaume de Bourgogne, et qui tendaient toujours à l'indépendance. Briançon En 1118 il y avait à Briançon trois églises, l'une dédiée à Notre-Dame, à Saint-Nicolas et une troisième dont le vocable n'est pas connu et était située dans la château. Evidement les Templiers ont possédés des biens à Briançon, dès 1344 après la chute du Temple, l'un des quartiers de la ville se nommait Le Temple. Il est très probable que les biens du Temple de Briançon, furent aliénés à la suppression de l'Ordre du Temple, car ils ne passèrent pas à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Montmirail Montmirail, il n'y avait aucune paroisse dans le mandement de Montmirail, mais une très ancienne chapelle de Notre-Dame existait dans le hameau principat. En 1708 un nommé Jean Albrand en fonda une autre au hameau du Bois sous le vocable de saint Benoit. Montmirail dépendait de la paroisse des Crottes l'abbaye de Boscodon et les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, successeurs des Templiers, se partageaient la dime d'une manière inégale. Sur le territoire de ce mandement existait l'abbaye de Notre-Dame de Boscodon, fondée en 1132. L'Ordre du Temple possédait en 1234 des biens assez considérables à Montmirail a l'endroit nommé maintenant encore Le Temple et le Champ-Chevalier. L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem succéda aux Templiers ; ce domaine relevait de la commanderie d'Embrun et il avait été aliéné avant 1667. L'Ordre du Temple possédait une Maison à Embrun ; il possédait une église de Sainte-Marie du Temple dont les ruines se voyaient encore sous le Roc au XVIIIe siècle. C'était principalement de ce côté qu'étaient les possessions des Templiers ; un quartier s'y nommait encore Le Temple en 1472. De cette Maison du Temple d'Embrun, relevaient les terres possédées par les Templiers à Montmirail. Gap Les Templiers avaient également une commanderie à Gap ; les commandeurs du Temple de Gap étendaient leur juridiction sur toutes les dépendances de cet ordre dans le Gapençais, l'Embrunais et le Briançonnais ; on les voit administrer aussi bien les possessions de Notre-Dame du Creux d'Embrun, que celles de la Madeleine de la Roche-des-Arnauds et de Moydans ; le 27 octobre 1277, le commandeur de Gap aliéna tous les biens du Briançonnais en faveur de Hugues Balte, moyennant une rente annuelle de 6 livres tournois. A Gap même les Templiers avaient une chapelle, une maison et des terres dont hérita l'ordre de Saint-Jean. On a retrouvé les noms des commandeurs suivants : Pons Neeli, 1242 Osilius, 1277-1279 Roncelin, 1300. Manteyer Les Templiers eurent à Manteyer des possessions assez considérables qui dépendaient de leur Maison de La Roche-des-Arnauds. Il y avait aussi à Montmeyer une Maison de Sainte-Marie-Madeleine. Il est possible qu'elle fût une propriété de l'Ordre du Temple. La Roche des Arnauds Dès 1243, les Templiers possédaient à La Roche-des-Arnauds de nombreuses propriétés dont une Maison dite Le Temple, un domaine dit Le Condamine, une chapelle dédiée à Sainte-Marie-Madeleine et un Hôpital. Tous ces biens passèrent aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. « Sur ce village de Monteyer, les Hospitaliers possédaient un domaine de douze charges de blé de revenu. » Moydans La cure de Moydans était à la collation des Templiers auxquels succédèrent les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. L'Ordre du Temple était possesseur des revenus ecclésiastiques de Moydans. On ignore par quelles donations ou acquisitions. Ce qui est sûr, c'est que les Hospitaliers de Saint-Jean, qui leurs succédèrent en 1312, jouirent paisiblement de ces revenus et de ces biens jusqu'en 1789. Tallard Les Templiers avaient des biens dans cette paroisse, entre autre une maison forte située à l'angle des murailles du bourg qui regarde le cimetière. Dès 1279, elle portait le nom de Temple. Maison du Temple de Sainte-Colombe Les Templiers avaient, en 1308, un domaine à Sainte-Colombe; il dépendait de la commanderie de la Chaup (Drôme). Cette propriété ne passa pas aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. SourcesTableau historique du département des Hautes-Alpes. État ecclésiastique, administratif et féodal antérieur à 1789, histoire, biographie, bibliographie de chacune des communes qui le composent - par J. Roman. A. Picard (Paris) - 1887-1890 Remollon Dés la fin du XIe siècle ou le commencement du XIIe, des biens avaient été donnés à Remollon et dans les paroisses environnantes aux chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ; on en fit une petite commanderie qui fut unie, à une certaine époque , à celle d'Embrun, sous le titre de membre de Remollon. En 1667, le commandeur de Gap, qui avait succédé à celui d'Embrun, y possédait une maison, une vigne, quelques censes et une part de la moyenne justice ; il prenait le titre de coseigneur de Remollon. En 1311, le 18 juillet, l'évêque de Gap donna à la commanderie de Gap de l'ordre de Saint-Antoine en Viennois des censes qu'il possédait à Remollon ; cet ordre les échangea peu de temps après avec celui de Saint-Jean. Sigoyer En 1288, l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem était propriétaire de la moitié de la seigneurie de Sigoyer qui lui avait été donnée environ un siècle auparavant par le comte de Forcalquier ; le 23 octobre 1297, le grand maître transige avec Humbert Ier, dauphin, et consent à lui prêter hommage et à lui fournir un cavalier armé pour cette seigneurie. Le 16 mai 1311, l'ordre de Saint-Antoine-en-Viennois céda à celui de Saint-Jean quelques droits qu'il possédait à Sigoyer, dépendants de la maison de l'Aumône de Tallard. En 1667, l'ordre de Saint-Jean ne possédait plus rien à Sigoyer. Tallard Les Templiers avaient des biens dans cette paroisse, entre autres, une maison forte située à l'angle des murailles du bourg qui regarde le cimetière; dès 1279, elle portait le nom de Temple. L'ordre de Saint-Antoine en Viennois y possédait également un hôpital nommé la Maison de l'Aumône, il le céda aux chevaliers de Saint-Jean par acte du 16 mai 1311. L'ordre de Saint-Jean possédait lui-même, à Tallard, dès le XIIIe siècle, un domaine et une chapelle sous le titre de Saint-Martin, qui dépendait de la commanderie de Gap. Le 23 août 1215, Tibour et Raimbaud d'Orange donnèrent aux chevaliers de Saint-Jean la seigneurie majeure de Tallard; ces chevaliers absorbèrent, au commencement du XIVe siècle, toutes les possessions appartenant aux autres ordres hospitaliers, Templiers ou Antonins, et échangèrent, en 1319, leurs possessions de Tallard, Montmellian, Saint-Julien, Montfort et Régusse, contre le comté d'Alife, au royaume de Naples, avec Arnaud de Trians. Cet acte confirmé par le comte de Provence, le 7 mai 1323, fut passé par Elion de Villeneuve, grand-maître de l'ordre. En 1667, l'ordre de Saint-Jean ne possédait plus rien dans la paroisse de Tallard. En 1318 et 1319, un chevalier nommé Bérial de Baux prend le titre de précepteur ou commandeur de Tallard, mais il est douteux qu'il y ait jamais eu une véritable commanderie de Saint- Jean à Tallard, et ce chevalier était probablement un simple administrateur créé à cause de l'importance des possessions de l'ordre de Saint-Jean dans ce mandement. Tallard dépendait de la commanderie de Gap. Embrun L'ordre du Temple eut une commanderie à Embrun ; il possédait une église de Sainte-Marie du Temple dont les ruines se voyaient encore sous le Roc au XVIIIe siècle. C'est principalement de ce côté qu'étaient ses possessions ; un quartier s'y nommait encore le temples en 1472. De cette commanderie relevait les terres possédées par l'ordre à Montmirail . L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, héritier des Templiers, eut également une commanderie à Embrun. Au XIVe siècle tous les biens possédés par cet ordre dans l'Embrunais et le Briançonnais en dépendaient ; la petite commanderie de l'Argentière lui fut unie dans les premières années de XIVe siècle. Son existence ne fut néanmoins pas de longue durée: dans l'intervalle de 1319 à 1336 elle fut unie à celle de Gap dont le titulaire porta le titre de commandeur de Gap et d'Embrun jusqu'au XVIe siècle. En 1667 l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ne possédait plus rien dans le territoire d'Embrun. Voici la liste des commandeurs d'Embrun avant l'union de cette commanderie à celle de Gap Falicon - 1247 Raymond Chabaud - 1266 Guillaume Boyson - 1276 Raymond Osasica, commandeur d'Embrun et de Gap - 1298-1300 Pierre de Saint-Martin - 1300 Barras de Barras - 1314 Geoffroy de Cubriis, commandeur d'Embrun et de Gap - 1316 Pierre de Saumane - 1319 Montmirail L'ordre du Temple possédait en 1234 des biens assez considérables à Montmirail à l'endroit nommé maintenant encore le Temple et le Champ-Chevalier. L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem lui succéda; ce domaine relevait de la commanderie d'Embrun et il avait été aliéné avant 1667. Moydans La paroisse de Moydans qui n'existait pas encore à La fin du Xe siècle existait au XIIIe; elle était sous le vocable de sainte Florence. Avant les guerres de religion on avait fondé dans cette église des chapelles de Notre-Dame d'Espinouse et de Notre-Dame du Rosaire qui furent détruites par les protestants. La cure de Moydans était à la collation des Templiers auxquels succédèrent, en 1312, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Le commandeur de Cap était décimateur de cette paroisse qui dépendait de l'archiprêtré du Rosanais. Ordres Hospitalier , l'ordre du Temple était possesseur des revenus ecclésiastiques de Moydans. Après la suppression des Templiers, les chevaliers de Saint-Jean les remplacèrent et possédèrent paisiblement ces biens jusqu'en 1789. Ils choisissaient le curé, percevaient la dîme au douzième et étaient propriétaires, en 1667, d'un pré et de trois champs. Ces biens relevaient de la commanderie de Gap. SourcesRoman, Joseph – Tableau historique du département des Hautes-Alpes – État ecclésiastique, administratif et féodal antérieur à 1789, histoire, biographie, bibliographie de chacune des communes qui le composent. Tome 1 - Paris 1887.> |