Partir à la découverte de San Giovanni di Cinarca
c’est en effet partir à la rencontre de l’Histoire oubliée, si ce n’est obscure, de
l’île, pensez ainsi que l’église fut édifiée au temps d’
Ugo Colonna et de ses fils dont le seigneur de la Corse-du-sud
d’alors .
C’est aussi partir sur les terres des exploits d’
Arrigo Bel Messere comtes de Cinarca , lesquels, sans doute, fréquentèrent cette église sise
sur leur fief à courte distance du fameux Castellu di
Cinarca situé sur la commune de l’actuel Casaglione (Henri le
beau messire avait d’ailleurs épousé la fille de l’un d’entre-eux pour assoir
son pouvoir sur la Corse non encore soumise aux Pisans ou aux Génois, peut-être
a-t-il donc un jour assisté à un office qui y était célébré).
Véritable machine à voyager dans le temps, l’église nous renvoie également près
d’un millénaire avant ces personnages historiques, mais si mal connus, à une
ère encore plus mystérieuse, au temps des premières colonisations et plus
particulièrement celle de Rome aux IIIe et IVe siècles après Jésus Christ, et
donc au premiers temps de l’évangélisation de l’île. A un moment où l’Urcinum
n’était pas un mythe mais une réalité et n’avait pas encore été déplacé, par un
raccourci dont les historiens seuls ont le secret, dans la plaine d’Ajaccio.
Ainsi donc Urcinum (ou Ursinum), Orcino, colonie romaine installée sur les
vallons de ce qui était encore au début du XXe siècle le "grenier
d’Ajaccio" avait déjà un évêque en la personne d’un dénommé Evandre.
Un évêque dans ces temps où, sans nul doute, le christianisme peinait à
s’implanter durablement confronté qu’il était aux croyances polythéistes des
populations d’alors. Une concurrence entre Dieu, ses saints et les anciennes
divinités, le nouveau rite et les anciens, les églises et les anciens temples
païens.
Qui sait d’ailleurs si l’utilisation de pierres de remploi, ce qui fut une
pratique régulière aux cours des âges, ne conduit pas à ce que cet édifice
sacré soit peut-être composé de blocs précédemment utilisés dans des édifices
païens ou encore si sa situation géographique, sur un monticule, n’avait pas
été choisi antérieurement pour y célébrer d’autres cultes au temps de
l’obscurantisme.
Saint-Jean de Cinarca du point de vue architectural
Désormais laissée à l’état de ruines, on peine à deviner ce que fut exactement
l’église aux temps, pas si lointains, où elle servait encore et encore plus au
moment de son édification au XIIe siècle. Nous supposons ainsi que l’entrée du
porche, côté mer, donnait accès à une nef couverte d’un toit aux poutres en
bois apparentes surmonté d’ardoise.
On note la présence de deux ouvertures latérales, la première approximativement
au centre du bas-côté nord et la seconde aux deux-tiers du bas-côté sud, et
d’un abside que devait occulter un chœur aujourd’hui disparu.
Il peut-être intéressant de relever que la façade, côté porche, présente deux
ouvertures circulaires et que la porte elle-même est surmontée d’un tympan non
gravé sous la voute.
Le chevet de l’église Saint Jean de Cinarca
Comme le reste du bâtiment, le chevet est intégralement construit en pierre de taille
mais y compris le toit recouvert, semble-t-il, d’ardoise ; ce toit en
Cul-de-four (voute en quart de sphère fabriquée, ici, en pierre parée de chaux)
repose pour partie sur une voute en arc de la façade principale.
Percé de trois ouvertures au sommet arrondi, qui devaient sans doute permettre
une illumination du chœur via l’abside, le chevet agrémente joliment ce côté de
l’édifice qui bénéficie en outre d’entrées de lumière provenant de deux
ouvertures rondes situées de part et d’autre du chevet ou encore, au dessus du
chœur, d’une ouverture constituée par agencement en forme de croix des pierres
de la façade.
A noter qu’une courte tentative de restauration aurait eu lieu au cours des
années 1970, opération qui aurait permis la restauration partielle des murs de
la nef et du chevet, le classement de l’édifice comme Monument Historique
ayant eu lieu par arrêté du 23 juillet 1976, l’église serait propriété de la
commune